Chaque année en France, lorsque la saison estivale commence et que les touristes affluent, les nappes phréatiques, les cours d’eau et les plans d’eaux atteignent des seuils critiques dans de nombreuses régions, et les préfets doivent prendre des mesures restrictives afin de préserver l’environnement et la santé publique. Mais si la consommation humaine pompe dans nos réserves naturelles, les quantités d’eaux usées disponibles augmentent mécaniquement. Cette ressource est encore considérée comme un déchet en France, et l’on dépense beaucoup d’énergie pour la traiter avant de rejeter ces hectolitres dans le cycle de l’eau. Il existe pourtant de nombreuses techniques et stratégies pour réutiliser ces eaux usées traitées, créant de nouvelles synergies permettant de réduire notre impact sur notre environnement. L’Institut de l’économie circulaire explore le potentiel dans une étude à paraître, qui réunit de nombreux acteurs de la REUT (Réutilisation des eaux usées traitées).
Le ministre de l’environnement Nicolas Hulot, accompagné par Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a par ailleurs présenté durant le Conseil des ministres du 9 août dernier leurs axes d’actions sur la gestion quantitative de l’eau. Le gouvernement souhaite donc apporter rapidement des solutions pour « résorber durablement les situations de tension hydrique et associer pleinement les territoires à la pratique de la gestion de l’eau », comme le précise le communiqué de presse daté du même jour. Une vision long-termiste donc, qui doit s’articuler avec les collectivités territoriales et qui se déroule selon deux axes principaux :
- « encourager la sobriété des usages et réguler en amont la ressource, grâce notamment à l’innovation » ;
- « faire émerger, dans l’ensemble des territoires, des solutions adaptées aux besoins et aux contextes locaux ».
Le premier axe présente une forte ambition pour le développement de la REUT en France, puisque les ministères souhaitent explicitement poursuivre les investissements avec les collectivités pour favoriser la REUT, en s’appuyant sur les pôles de compétitivité hydrique (DREAM en Centre Val-de-Loire, Pôle EAU en Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur et HYDREOS dans le Grand est) et les organismes scientifiques. Et d’après le deuxième axe, cela passera notamment par un accompagnement des territoires par les Agences de l’Eau et une mobilisation des préfets coordinateurs de bassin qui œuvreront pour dynamiser les projets à l’échelle locale. Et puisque le secteur agricole est le plus gros consommateur de ressources aquifères, une cellule d’expertise doit voir le jour pour développer une gestion plus durable de l’eau. On peut imaginer que les solutions de REUT pour l’irrigation agricole sera étudié par cette cellule qui devra rendre compte aux ministères le 31 octobre.
Document à télécharger : FOCUS – Entre feu et sécheresse, la REUT comme une solution durable