Stratégie Nationale Bas Carbone sous contrainte de ressources

L’INEC dévoile une étude réalisée avec Capgemini qui fait l’état des lieux de la transition bas carbone et des ressources minérales et naturelles critiques à horizon 2050. Elle révèle que la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), feuille de route de la décarbonation de la France, ne prend pas suffisamment en compte les contraintes de ressources qui pèsent sur sa mise en œuvre, surtout dans le contexte d’un système d’économie linéaire.

 

 

Cette étude permet de quantifier à la fois les ressources naturelles nécessaires à la transition bas carbone et les déchets qui seront générés pour les besoins de cette transition. Elle les quantifie en tonnes, en euros et en criticité. La quantification en valeur d’import et en criticité de la transition bas carbone constitue un apport inédit de l’étude. Autre spécificité : elle porte sur les trois grands domaines de la transition bas carbone et circulaire : l’électrification (y compris l’hydrogène), les biomasses et la construction. Pas moins de 15 technologies et 14 ressources ont été évaluées.

 

 

Quels leviers circulaires mettre en œuvre en priorité ?

 

 

D’après les conclusions de l’étude, une stratégie bas carbone intégrant des leviers efficaces de l’économie circulaire doit comprendre à la fois des objectifs quantitatifs sur l’ensemble de la séquence (Eviter, Réduire, Recycler, Réemployer) et travailler sur de grands chantiers tels que : l’écoconception intégrale, l’organisation de filières territoriales, le digital, la R&D et formation, ainsi que les aspects réglementaires et économiques.

 

 

Pour Alain Chardon, Directeur en charge des nouvelles plateformes durables chez Capgemini Invent : « Il nous est apparu assez vite en travaillant sur les données de cette étude que dans un monde sous contrainte de ressources, il ne peut y avoir de France bas carbone sans stratégie d’économie circulaire forte ».

 

 

« Telle est l’ambition de la présente étude : réconcilier deux domaines clés de la transition écologique – la décarbonation et l’économie circulaire – afin de démontrer qu’ils forment un tout et décloisonner l’écriture des politiques environnementales publiques en analysant la SNBC à l’aune des ressources qu’elle nécessitera », ajoute Emmanuelle Ledoux, Directrice générale de l’INEC.

 

 

 

Une criticité qui risquerait d’être multipliée par 16 d’ici 2050… mais une planification circulaire renforcée permettrait de diviser cet impact par quatre

 

 

Dans le cas d’une transition bas carbone qui ne prendrait pas suffisamment en compte les enjeux de ressource et de circularité, la criticité sur les métaux et minéraux serait multipliée par 16 d’ici 2050. Au contraire, dans un second scénario qui bénéficierait d’une politique de circularité renforcée, la criticité sur les métaux et les minéraux serait seulement multipliée par 4. Cela constitue encore un défi, mais ce gain de -76% rendrait la transition bas carbone française significativement plus résiliente.

 

 

Baisser les besoins en ressources en effectuant des choix stratégiques, aller vers la résilience économique et améliorer la durabilité des écosystèmes naturels

 

 

Dans un scénario où la circularité des ressources et des déchets serait concrétisée, les leviers circulaires « Eviter » et « Réduire » permettent d’obtenir une baisse de 44 % des besoins bruts en ressources. Intégré dans la Stratégie Nationale Bas Carbone, le levier « Eviter » consiste à effectuer des choix stratégiques éclairés en termes de mix de solutions, en tenant compte de leur criticité en ressources.

 

 

L’étude fournit à cette fin un comparatif de la criticité de ces dernières. Dans le domaine des énergies, la criticité par kWh produit est la plus faible pour les biomasses et le nucléaire, suivis par l’éolien en mer, l’éolien terrestre, l’éolien en mer, le solaire et l’hydrogène. Par kilomètre parcouru, la criticité la plus faible concerne les véhicules thermiques fonctionnant au biométhane, puis viennent les véhicules à hydrogène, et enfin les véhicules électriques qui sont les plus intenses en ressources. Enfin par mètre carré la rénovation est nettement moins critique que la construction neuve.

 

 

Réindustrialiser par le recyclage et le réemploi

 

 

Enfin, l’étude permet d’établir que les leviers Recycler et Réemployer dynamiseraient considérablement la réindustrialisation de la France. D’ici 2050, les flux industriels de retraitement des déchets seraient multipliés par 10 en tonnages, par 25 en valeur, et par 75 en criticité traitée.

S'inscrire à la newsletter