Maud Lelièvre, Déléguée Générale des Eco Maires, association nationale et internationale des Maires et des Élus locaux pour le développement durable, répond aux questions de l’Institut National de l’Économie Circulaire.
Quel est votre sentiment par rapport au potentiel que représente l’économie circulaire pour notre société, en termes économiques, environnementaux et sociaux ?
La COP24 sur le climat s’ouvre en Pologne sur un constat qui fait apparaître un défi encore plus complexe et ambitieux que la seule réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il faut proposer un nouveau modèle économique compatible avec les équilibres naturels de notre environnement, l’emploi et la responsabilisation des citoyens et des consommateurs. Pour atteindre l’objectif par l’Accord de Paris – une réduction de 40 à 70 % de nos émissions de GES d’ici 2050 – atténuer l’impact de l’homme ne sera pas suffisant. Il faudra également adapter les modèles de production, de transformation et de consommation afin de les rendre conciliables avec une croissance soutenue sur le long terme. C’est vraiment ce que peut faire l’économie solidaire.
L’économie circulaire est un formidable tremplin pour renforcer l’attractivité et la résilience territoriale. Sentez-vous un intérêt dans les territoires pour ces questions ?
Absolument. Les maires veulent produire local, consommer local et réduire l’empreinte écologique globale de leur territoire. Favoriser l’économie circulaire en est un des moyens.
Au-delà des mots et engagements, comment les élu(e)s peuvent-ils devenir les moteurs de la transition ?
Ce sont les acteurs locaux indispensables à la mise en place d’une synergie locale. Ils peuvent porter le bon message auprès des citoyens mais aussi faciliter les choses en aidant les recycleries et donneries locales, en faisant de la pédagogie dans les déchèteries par exemple. Un objet dont on ne veut plus n’est pas un déchet. Et ils sont le bon levier pour travailler en amont, auprès des distributeurs : moins d’emballage, plus de qualité pour moins de déchets.
L’exercice de la démocratie est avant tout une aventure citoyenne. Comment la mobilisation des français(e)s peut-elle accélérer le virage vers l’économie circulaire ?
La mobilisation de tous est indispensable. Mais elle ne peut se faire que si on facilite la vie des gens. En leur donnant des lieux pour donner, en développant comme à Dunkerque des applications locales d’échanges on démultiplie le don. L’accès à des points de collecte sur le lieu de vie des gens est essentiel. Enfin, il faut répondre à l’envie de ne pas gaspiller : composteurs, doggy bags, réparateur de proximité pour lutter efficacement contre l’obsolescence programmée sont des démarches d’écologie positive que souhaitent les citoyens. Il faut d’abord appuyer sur cette envie avant de taxer les produits à faible durée de vie, non recyclables ou sur-emballés que parfois les citoyens n’ont pas d’autre choix que d’acheter.