Guillaume Delbar, maire de Roubaix depuis 2014, a accepté de répondre à nos questions et de nous parler de sa vision de l’économie circulaire.
Quel est votre sentiment par rapport au potentiel que représente l’économie circulaire pour notre société en termes économiques, environnementaux et sociaux ?
Depuis près de 4 ans que nous avons lancé la démarche Zéro Déchet à Roubaix nous voyons que certaines familles qui se sont appropriées la démarche ont obtenu des résultats exceptionnels en réduisant de 50% leurs déchets et en adoptant des gestes alternatifs.
La démarche d’économie circulaire peut avoir une portée bien plus grande.
On sent bien que cette démarche surprend encore dans une société de surconsommation qui prône le réachat plutôt que la réutilisation ou la réparation des objets. Les initiatives sur l’économie circulaire naissent aujourd’hui aussi bien via les citoyens que les entreprises.
Finalement l’économie circulaire c’est le « bon sens » d’avant revu et modernisé. Nous vivons dans une société qui commence à comprendre que nous nous sommes trompés dans notre façon de produire et qu’il est urgent de changer les façons de faire.
L’économie circulaire est un formidable tremplin pour renforcer l’attractivité et la résilience territoriale. Sentez-vous un intérêt dans les territoires pour ces questions ?
Socialement on entend de plus en plus le « consommer local » revenir dans les souhaits de la population. Ca démontre que lorsqu’on arrive à promouvoir les produits d’un territoire, on créé un sentiment d’appartenance et de fierté qui peut changer les modes de consommation et donc encourager au changement des modes de production.
Si on arrive à créer de la valeur locale, on se donne les moyens de produire et de créer des environnements économiques viables.
A terme je crois fortement à l’attractivité que nous pouvons générer via l’économie circulaire d’un territoire. Il suffit de voir le nombre important d’articles consacrés à notre démarche Zéro Déchet qui n’est pourtant qu’un pas par rapport à l’ampleur de ce qui peut être mis en place en matière d’écosystème d’économie circulaire.
Sur le territoire de Roubaix, les entreprises dynamiques comme Etnisi ou Fibr&Co par exemple font beaucoup parler d’elles et je suis persuadé qu’à terme cela jouera en faveur de l’attractivité de notre territoire.
Au-delà des mots et engagements, comment les élu(e)s peuvent-ils devenir les moteurs de la transition ?
Un élu a la capacité de donner une tribune à la démarche. Les mots et les engagements sont donc bien une première nécessité pour encourager la transition.
Ensuite, l’élu a la capacité à favoriser ou stopper un certain nombre de projets sur son territoire et de connecter les acteurs entre-eux. Dire « stop » au « tout béton », encourager au développement d’espaces verts, favoriser le développement d’une agriculture urbaine… sont autant de thèmes ou l’élu peut choisir de donner une véritable accélération. En matière de transition écologique, nos choix d’élus engagent clairement l’avenir de nos communes.
L’exercice de la démocratie est avant tout une aventure citoyenne. Comment la mobilisation des français(e)s peut-elle accélérer le virage vers l’économie circulaire ?
Comme je vous le disais pour créer une économie circulaire il faut réussir à créer un système économique viable. Cela suppose de faire coïncider l’offre et la demande sur un territoire. Si le citoyen prend conscience que son souhait de consommer local créé du travail et permet à une entreprise de s’installer, cela va progressivement motiver son changement d’habitude de consommation. C’est souvent plus visible sur les territoires ruraux qui ont connu une désertification et qui repartent des besoins de base mais on voit bien qu’à Roubaix la démarche de réseaux est en train de se mettre en place et que passé un certain stade de développement nous devrions avoir un effet « boule de neige » !