La transition énergétique fait partie des grands enjeux environnementaux du 21ème siècle. Parmi les solutions capables d’accélérer cette transition : l’économie circulaire.
Le rapport du GIEC estime sûr à 95% le lien entre l’activité humaine et le réchauffement climatique.
La Fondation Veolia organise 5 conférences dans l’année en partenariat avec La REcyclerie. Destinées principalement aux jeunes, elles ont pour objectif de les aider à mieux appréhender les enjeux d’une économie circulaire et d’une utilisation plus responsable de nos ressources. Lors de la conférence de rentrée, différents experts ont pris la parole sur le thème de la transition énergétique.
Pour la version longue
Pourquoi faut-il une transition énergétique ?
C’est un fait indéniable : depuis une cinquantaine d’année, la planète se réchauffe. Les scénarios envisagés pour 2100 par les experts du GIEC sont alarmistes. La projection la plus optimiste prévoit une augmentation de la température de 1,2°C tandis que la plus pessimiste évoque plutôt un réchauffement climatique de 5,5°C. Avec les conséquences dramatiques qui en découlent : augmentation du niveau des océans, catastrophes naturelles, etc.
Bien que les scientifiques conservent encore des incertitudes sur le fonctionnement des systèmes climatiques, le rapport estime sûr à 95% le lien entre l’activité humaine et le réchauffement climatique. L’une des principales raisons : la surconsommation des énergies fossiles qui a entraîné une hausse sans précédent des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
D’où la nécessité d’une transition vers des systèmes énergétiques plus propres. Pour Emeric Fortin, responsable du Master Transports et Développement Durable à l’Ecole des Ponts, « l’enjeu va bien au-delà de ce qui a été défini pendant la COP21. Il faudrait que d’ici 2060 nous ayons complètement annulé nos émissions carbone ».
Produire et consommer l’énergie autrement
Pour atteindre cet objectif, deux possibilités : produire et consommer différemment.
Il s’agit dans un premier temps de changer nos systèmes de production en passant des énergies carbonées (pétrole, gaz, charbon) à des énergies propres (solaire, éolien, hydraulique, etc.), de manière à proposer une offre vertueuse.
Par ailleurs, il est indispensable d’agir sur la demande, c’est à dire de réduire la consommation énergétique des entreprises et des particuliers. C’est le principe de l’efficacité énergétique. Cela consiste à mesurer la différence entre l’énergie réellement utilisée et l’énergie totale consommée (souvent supérieure du fait des pertes), et agir en conséquence pour diminuer la consommation.
Le principe de l’économie circulaire est précisément de rechercher la plus grande efficacité en terme d’utilisation des ressources. Elle est donc un levier majeur pour mettre au point des solutions innovantes au service de la transition énergétique. Par exemple, de nombreux systèmes d’économie circulaire permettent aujourd’hui de valoriser la chaleur fatale. C’est le cas de l’entreprise française Qarnot qui transforme la chaleur des ordinateurs en chauffage.
Hubgrade, une solution pour l’efficacité énergétique des bâtiments
Le secteur du bâtiment est l’un des premiers consommateurs d’énergie. En France, il absorbe près de 45 % de la consommation totale d’énergie et rejette 23 % des émissions de CO2. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments est donc un axe prioritaire de la transition énergétique.
C’est pourquoi en 2014, Veolia a lancé « Hubgrade » : une solution de pilotage intelligent de la performance énergétique des bâtiments. Concrètement, des capteurs répartis dans tout le bâtiment permettent de récupérer des données en temps réel sur la consommation d’énergie, d’eau ou encore sur la production de déchets. Ces données sont ensuite analysées par des experts qui peuvent alors réagir en direct pour optimiser la consommation.
En seulement 3 ans, cette solution a été déployée dans une douzaine de pays. Ainsi, à Shanghai, Veolia analyse la performance énergétique de 2 500 bâtiments, ce qui a déjà permis une baisse de 15 % de la consommation d’énergie.
« Aujourd’hui, du fait des pertes, nous consommons bien plus d’énergie, de matériaux et d’eau que nous n’en avons réellement besoin. L’efficacité énergétique est l’une des plus grandes opportunités pour économiser ces ressources », explique Antonio Neves, Marketing Manager à la direction Développement, Innovation et Marchés de Veolia.
Un cadre légal incitatif
En Europe, la réglementation est plutôt favorable à la transition énergétique. La directive dite « 3 fois 20 » fixe un objectif de réduction de la consommation globale d’énergie de l’Union européenne de 20 % d’ici 2020.
De son côté, la France se veut exemplaire avec notamment la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte. Celle-ci a instauré une panoplie d’outils et de politiques publiques permettant d’accélérer le processus de transition.
Parmi elles, entre autres, l’écologie industrielle et territoriale. Elle consiste à mettre en réseau les acteurs d’un même territoire pour optimiser l’ensemble des ressources via des systèmes de substitution, de synergie ou encore de mutualisation. Par exemple, à Dunkerque, Arcelor Mittal – le géant de l’acier – renvoie une partie de sa chaleur fatale dans les réseaux de chauffage de la ville. Au total, 6 000 foyers bénéficient de cette boucle locale d’économie circulaire.
Citons aussi les CEE (Certificats d’économie d’Energie) mis en place en 2006, qui obligent les vendeurs d’énergie à financer des actions permettant de réaliser des économies d’énergies, proportionnellement au volume de leurs ventes.
Changer nos habitudes
« Au final, toutes les politiques publiques et les innovations technologiques du monde ne seront pas suffisantes si nous ne changeons pas nos habitudes de consommation énergétique » conclut Emeric Fortin.
Une partie d’entre elles sont subies : par exemple, personne ne choisit de faire 45 minutes de transport pour se rendre au travail. En revanche les employeurs peuvent changer leurs habitudes en autorisant le télétravail, ce qui permet de réduire considérablement les émissions de CO2 dégagées par les transports.
Mais nous pouvons également agir pour la transition énergétique par des gestes simples du quotidien : éteindre la lumière, privilégier les transports en commun, etc. Une fois encore, la transition énergétique comme l’économie circulaire, c’est l’affaire de tous !