#LivingCircular : “Préserver les océans grâce à l’économie circulaire”

Le plastique est la première source de pollution des océans. À travers le recyclage et le réemploi, l’économie circulaire permet de traiter le problème en amont : réduire la production des déchets.

80 % des pollutions marines sont d’origine terrestre Les 2/3 de ces pollutions sont du plastique.

La Fondation Veolia organise tout au long de l’année les conférences « 2C » à La REcyclerie. S’adressant principalement aux jeunes, elles ont pour objectif de les aider à appréhender les grands enjeux de l’économie circulaire. Animée par le réseau de jeunes CliMates, chaque édition aborde un thème différent sur lequel trois experts sont invités à prendre la parole. La conférence du mois de juin a réuni un large public sur le sujet de la préservation des océans.

Publié le : 20 juin 2017

Pour une version longue 

Une planète bleue…en danger

« Lorsque l’astronaute français Thomas Pesquet est arrivé à la station spatiale internationale, ce qu’il a vu en regardant la Terre était une planète bleue » commence l’océanographe Marie-Christine Huau. L’océan est le plus grand écosystème de notre planète. Il fournit 50 % de notre oxygène…et reçoit 80 % des pollutions terrestres, dont les 2/3 sont du plastique.

En effet, jetés dans les rues ou la nature, nos déchets sont emportés par la pluie jusque dans les rivières et les fleuves, puis jusqu’à la mer. Or, un morceau de plastique met 500 ans à se dégrader en milieu naturel.

Entraînés par les gyres – ces tourbillons marins formés sous l’effet des courants et de la rotation de la Terre – les plastiques se regroupent, formant de gigantesques plaques de déchets flottants. La plus connue se trouve dans le nord de l’océan Pacifique. Ce « 7e continent », découvert par hasard par le navigateur Charles Moore en 1997, fait plus de 6 fois la taille de la France. Il en existe 4 autres dans le monde. Les projections prévoient qu’elles grandissent encore ; si bien que d’ici 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans l’océan…

La première victime de ce vortex de déchets est bien sûr la biodiversité marine. L’exemple le plus connu est celui des tortues qui s’étouffent avec des sacs plastiques, car elles les confondent avec des méduses dont elles sont friandes.

Mais ce n’est pas tout. L’océan est le premier régulateur du climat. Trop pollué, il ne parviendra pas à absorber les effets du dérèglement climatique comme il le fait aujourd’hui. Il y a donc urgence à préserver ce poumon de la planète… et à trouver une solution pour lutter contre ce fléau que constitue la pollution plastique.

L’économie circulaire pour réduire la quantité de plastique

Plusieurs solutions s’offrent à nous.

Il faut bien sûr nettoyer les océans. C’est la mission portée entre autres par deux projets emblématiques : Ocean CleanUp lancé par le très jeune néerlandais Boyan Slat et Sea Cleaners, l’association créée par le navigateur français Yvan Bourgnon. Celui-ci devrait prendre le large dans quelques mois sur un bateau nouvelle génération, conçu pour collecter les déchets.

Mais l’enjeu principal consiste à traiter le mal à la racine. Il s’agit de réduire considérablement la quantité de plastique qui arrive dans l’océan. « Nous devons revoir l’ensemble de nos modes de production et de consommation, à tous les niveaux de la société » indique Emmanuelle Moesch de l’Institut de l’Economie circulaire. Les réglementations européenne et mondiale avancent petit à petit dans ce sens. Trois niveaux sont explorés : interdire, réutiliser et recycler.

Interdire : Plusieurs pays ont proscrit l’utilisation des sacs plastiques à usage unique. C’est le cas de la France, mais aussi du Maroc ou encore du Mali. La ville de San Francisco est allée encore plus loin en interdisant tous les emballages en polystyrène. De son côté, la France s’est fixée pour objectif d’ici 2020 de réduire de 50 % les produits manufacturés non-recyclables mis sur le marché.

Réutiliser : L’Union européenne prévoit la réutilisation de 10 % de ses emballages plastiques à l’horizon 2030. Dans les pays en développement, où les systèmes de collecte sont moins organisés, de nombreuses initiatives voient le jour pour donner une seconde vie aux déchets plastiques. C’est le cas de Liter of light. Cette ONG, présente dans 20 pays dans le monde, récupère les bouteilles en plastique pour les transformer en lampes à énergie solaire. Les bouteilles surcyclées apportent ainsi de la lumière dans des zones où les habitants n’ont pas accès à l’électricité.

Recycler : Le recyclage est au cœur de l’économie circulaire : il permet de redonner de la valeur aux déchets de manière à les réutiliser comme matière première. La France ambitionne de recycler 65% de ses déchets non-dangereux d’ici 2025. Au Nigéria, l’entreprise Chanja Datti a fait de la collecte des déchets un véritable levier de développement économique. La revente des déchets génère de la valeur, mais le développement de cette filière a aussi permis de créer de nombreux emplois.

Un exemple concret : la start-up Yoyo incite au recyclage du plastique

Créée en 2016, la start-up française Yoyo s’est donnée pour mission de doubler le taux de recyclage du plastique dans les villes. Plus il y aura de déchets collectés, moins ils finiront dans la mer…

fnige« Le tri est le geste de citoyenneté préféré des français juste après le vote. Mais il y a quelque chose de paradoxal en France : là où l’on consomme le plus de plastique – c’est à dire dans les villes – on en collecte le moins » explique Gabrielle de Perthuis, coordinatrice du lancement de Yoyo. En cause : des consignes de tris floues, des locaux poubelles peu accueillants, des bacs saturés, etc. Résultat, le volume de collecte stagne depuis des années.

Pour remédier à ce problème, Yoyo propose un système de récompense pour inciter les citoyens à devenir des « trieurs » engagés. Dans chaque quartier, des coachs référents distribuent à ceux qui en font la demande, des sacs de tri numérotés et des conseils pour sélectionner les bons déchets. En échange de chaque sac rempli, le trieur reçoit des points qui lui permettent d’accéder à des avantages : réduction, bon d’achat, etc. Ce fonctionnement permet d’organiser un recyclage local de qualité.

Les ressources sont trop précieuses pour n’être utilisées qu’une seule fois. À travers la réutilisation ou le recyclage, l’économie circulaire est un moyen efficace de donner une seconde vie aux déchets plastiques. L’exemple de Yoyo rappelle une chose essentielle : la mobilisation citoyenne est le premier des leviers pour éviter que les déchets plastiques ne finissent leur vie au gré des courants marins.

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