Devenir cordonnier avec la Fédération Française de la Cordonnerie Multi-services
L’invitée
Jean-Pierre Verneau, Président de la Fédération Française de la Cordonnerie Multiservice. Les missions de la FFCM sont de défendre les intérêts de la profession, de la représenter auprès des pouvoirs publics et privés, d’informer et d’accompagner ses adhérents sur les sujets techniques, sociaux, juridiques, de promouvoir les métiers de la cordonnerie et d’établir des liens de bonne confraternité entre tous ceux qui la composent.
La FFCM est affiliée à la Confédération Nationale de l’Artisanat des Métiers et des Services (C.N.A.M.S.), membre fondateur de l’Union Professionnelle Artisanale (UPA), devenue Union des Entreprises de Proximité (U2P) en novembre 2016. L’U2P regroupe la CAPEB (Bâtiment), la CGAD (Alimentation de détail), la CNAMS (Services et Fabrication) et l’UNAPL (Professions libérales).
Quel est le rôle de la FFCM auprès de la profession des cordonniers multiservices ?
La FFCM (Fédération Française de la Cordonnerie Multiservice) représente et défend les intérêts des cordonniers multiservices auprès des pouvoirs publics et des partenaires économiques. Elle valorise le métier, soutient la formation, accompagne les professionnels face aux enjeux économiques, écologiques et numériques, développe des services pour faciliter leur activité, et favorise les échanges entre artisans pour renforcer la filière.
De 45000 cordonniers dans les années 1950 à 3500 aujourd’hui : on peut s’accorder sur un déclin de la profession, à quoi est-elle due ?
De 45 000 cordonniers dans les années 1950 à environ 3 500 aujourd’hui, la profession a connu une chute marquée au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Mais il faut nuancer ce constat : depuis plus de 10 ans, le chiffre s’est stabilisé, oscillant entre 3 500 et 3 600 entreprises de cordonnerie. On ne parle donc plus de déclin, mais d’une profession qui s’est adaptée et qui résiste.
La chute vertigineuse du nombre de cordonneries s’explique avant tout par l’évolution des modes de consommation. L’arrivée massive de chaussures bon marché, souvent de mauvaise qualité et difficiles à réparer, a profondément bouleversé le secteur. La logique du jetable s’est imposée, reléguant la réparation au second plan. De nombreuses cordonneries n’ont pas su ou pu s’adapter à cette mutation.
Mais celles qui ont résisté sont souvent celles qui ont su élargir leurs compétences : reproduction de clés, gravure, tampons, télécommandes, affûtage, objets personnalisés… Le multiservice est devenu une véritable réponse aux nouveaux besoins des consommateurs. Aujourd’hui, la profession se réinvente, portée par une demande croissante pour une consommation plus responsable et durable.
L’attractivité du métier a-t-elle à voir avec ce déclin ? Quelles sont les clés pour le rendre de nouveau attractif, notamment pour les jeunes générations ?
L’attractivité du métier n’est pas la cause du déclin observé pendant les années noires. Cette baisse était liée à une évolution brutale de la consommation, pas à un manque d’intérêt pour le métier. Aujourd’hui, la tendance s’inverse : la cordonnerie retrouve de l’élan. Grâce à l’apparition de nouvelles matières, il est désormais possible de réparer des baskets, des sneakers, des chaussures de sport ou de randonnée. À cela s’ajoutent des services complémentaires comme la reproduction de clés (même de voitures), qui renforcent l’intérêt du métier. Les chaussures que l’on répare sont aussi de meilleure qualité, et les clients investissent davantage dans de belles pièces qu’ils souhaitent entretenir.
Résultat : le métier attire à nouveau, notamment les jeunes… et de plus en plus de femmes. La cordonnerie évolue et séduit une nouvelle génération.