#LivingCircular : « Comment l’économie circulaire s’inspire de la nature et est à son service »

Organisées à La REcyclerie par la Fondation Veolia, les conférences « 2C » s’adressent prioritairement aux jeunes pour les aider à appréhender les grands enjeux de l’économie circulaire. Ces conférences font partie du programme « Les ÉCOptimistes en campagne », qui fédère chaque mois l’ensemble des acteurs de La REcyclerie autour d’une problématique liée au développement durable. Le thème du mois de mars 2016 était celui de la biodiversité.

Publiée le 3 avr. 2017 :

Pour une version longue

 

L’économie circulaire pour soigner la biosphère

La biosphère désigne l’ensemble des écosystèmes dans lesquels la vie peut se développer, qu’il s’agisse de l’atmosphère, des océans ou de la lithosphère, la première couche de l’écorce terrestre.

Cette biosphère est un système écologique fermé, qui fonctionne avec la même quantité de matière à travers les âges. Dans ce système naturel, tout est équilibré, chaque produit rejeté par une espèce est réutilisé par une autre. Le célèbre chimiste Lavoisier l’a bien écrit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. ». Emeric Fortin, professeur à l’École des Ponts ParisTech, le rappelle : « Nous sommes tous composés de particules qui existent depuis des milliards d’années. La matière s’est simplement réagencée différemment au fil du temps. ».

Aujourd’hui, la biosphère est mise à mal par l’action humaine. D’une part, extraites à trop grande vitesse, les matières premières n’ont pas le temps de se régénérer et se font de plus en plus rares. D’autre part, nos processus industriels créent des matières chimiquement transformées que la nature ne sait pas traiter. En enfouissant nos déchets, nous perturbons les cycles naturels et détruisons progressivement la lithosphère.

Face à ces constats préoccupants, l’économie circulaire peut apporter des solutions.

Le biomimétisme : la nature comme source d’inspiration

Elle s’inspire directement d’un certain nombre de processus physico-chimiques naturels pour optimiser nos procédures de recyclage, de valorisation des déchets ou encore pour faire émerger des pratiques innovantes en termes d’utilisation sobre de la matière.

Cette source d’inspiration a un nom. Il s’agit du biomimétisme, qui consiste à appliquer des solutions mises en œuvre dans la nature à nos domaines techniques et industriels. Par exemple, il existe des piscines naturelles dont le traitement de l’eau est assuré par des plantes qui ont la même efficacité que les produits chimiques le plus souvent utilisés.

Un exemple d’application concrète : le compostage

Le compostage est un bon exemple de biomimétisme. Il s’agit d’un processus biologique de dégradation de la matière organique – fumiers, lisiers, restes de nourriture, végétaux, déchets de l’agro-industrie, etc. – en un produit stabilisé : le compost. Celui-ci a un réel intérêt pour les sols et les plantes, car il apporte des engrais et il est riche en carbone. Or, plus un sol contient du carbone, mieux il se porte.

Dans la nature, le compostage se fait naturellement. L’homme a reproduit le procédé dans le domaine industriel. En France, 2 millions de tonnes de compost sont ainsi produites chaque année. Depuis 1998, Veolia mène des expériences en partenariat avec l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) pour mieux comprendre les effets du compost sur les sols. Les résultats sont éloquents : les parcelles de champs qui reçoivent du compost ont un bien meilleur rendement que celles qui sont traitées grâce aux engrais chimiques. Le compostage est donc une solution inspirée de la nature qui permet de réduire les volumes de biodéchets tout en fertilisant les sols.

Le compostage pourrait en outre avoir un impact direct sur le contrôle du réchauffement climatique. C’est l’idée avancée par un collectif de chercheurs français qui ont lancé l’initiative « 4 pour 1000 » lors de la COP21 en 2015. Les activités humaines génèrent une augmentation de 4,3 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère chaque année. Or, les sols ont une formidable capacité de stockage du carbone, car les végétaux en dégradation qu’ils contiennent jouent un rôle de capteur. Selon les chercheurs, il suffirait d’augmenter – entre autres, grâce au compostage – de 0,4 % par an la quantité de carbone contenue dans les sols pour stopper l’augmentation annuelle de CO2 dans l’atmosphère.

L’écologie industrielle et territoriale, inspirée de la nature, pilier de l’économie circulaire

Dans les écosystèmes naturels, toutes les ressources sont optimisées, de manière à ce qu’il n’y ait aucun déchet. L’écologie industrielle et territoriale (EIT) est un mode d’organisation qui s’inspire de ce fonctionnement naturel. Elle consiste à développer des synergies entre les acteurs d’un même territoire ‒ entreprises, citoyens, collectivités ‒ pour optimiser les flux de matières. Autrement dit, pour que les déchets des uns deviennent les ressources des autres, comme dans la nature où les composants se combinent les uns avec les autres en permanence.

La ville de Stockholm a ainsi lancé un projet de requalification de son quartier Royal Seaport en mettant en œuvre les principes de l’EIT. Les flux de matières, mais aussi d’eau et d’énergie, circulent d’un acteur à l’autre. Par exemple, les déchets alimentaires sont recyclés en biogaz, lequel sert ensuite de combustible pour faire fonctionner les transports en commun. À terme, le but du quartier est d’être autonome, de fonctionner en circuit court sans avoir besoin d’importer de la matière ou de l’énergie.

La dimension réglementaire joue également un rôle incitateur pour déployer l’EIT. Par exemple, en France, la loi de transition énergétique prévoit que d’ici à 2025, les biodéchets soient triés à la source, chez les particuliers, pour être mieux valorisés à l’échelle locale. Par ailleurs, en janvier 2017, le ministre de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt a présenté « la stratégie de bioéconomie nationale », basée sur la valorisation de la biomasse. À titre d’exemple, dans le secteur vinicole, le marc de raisin et la lie de vin sont déjà valorisés pour créer des colorants ou encore pour faire de la pulpe pour l’alimentation animale. Ces initiatives démontrent qu’il y a une réelle volonté des pouvoirs publics d’aller dans le sens d’un système plus responsable.

Le sujet de l’économie circulaire est vaste. Il nécessite la mobilisation de tous les acteurs de la société civile pour adopter une démarche durable et vertueuse pour l’écologie comme pour l’économie. Pour nous y aider, la nature est une source d’inspiration infinie !

La prochaine conférence 2C aura lieu le 13 juin sur le thème : « Pollution des océans : comment l’économie circulaire contribue à leur préservation ? ».

 

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